I arrived in Brazil in September 2022, at the age of 65, with the aim of settling here permanently. I landed in this house at 1700 meters of altitude, the last one before Caledonia Peak.

There was a bed, a table, two chairs, a small camping stove, water on the floor, mold on the lower part of the walls, no internet, often no electricity because of the lightning that would strike right next to the house. It was cold, it rained all the time, but I was in paradise.

The night of blinding stars, a deafening silence, the wind that wants to uproot everything, the fog, the smells. The elements brought me back to life.

At night, next to an ethanol fireplace that did not heat anything, I read the poems of Stonehouse, the 13th century Chinese hermit who, at the age of 68, left the Zen monastery that he managed in order to live alone in a hut situated in the mountains:

My home is secluded from the world
The moss and wood are thick and the plants perfumed
All day I hear no market noise
I light a few leaves to make tea on my stove
To patch my robe I cut a cloud whisp
Lifetime seldom fill a hundred years
Why bother chasing profit and fame

-Stonehouse, p. 9 ¹

And how about this view! From my bedroom window, a sea of ​​mountains, when it is not an ocean of clouds.

And how about this light! This light that changes all the time.

I decided to make this place, Caledonia Peak, the center of my work. From then on, I would not paint anything except the view from my room. And I would sculpt only the peaks that surround this mountain. I would witness this greatness, there in front of me, around me, without trying to make it say anything.

We believe that we live in a place, at a location, on a piece of land, in a country, in a continent, on a planet. But this is wrong. We do not inhabit geography, we inhabit the atmosphere. We inhabit the light just like the clouds cause it to be born and die. We live on a peak where the winds sculpt time. We all have no other home but the mountains of our state of being, which are shaped by forests, rivers, and stones. The horizon of our life is this sun that will rise, each day, behind the plain or the building in front of us. We have nothing else. The rest is nonsense.

¹ Stonehouse / Red Pine : The Zen works of Stonehouse : poems of a fourteenth-century Chinese hermit \Translated by Red Pine. Mercury House, 1999. ISBN 1-56279-101.

Je suis arrivé au Brésil en septembre 2022, à 65 ans, dans le but de m’y installer définitivement. Je suis atterri dans cette maison à 1700 mètres d’altitude, la dernière avant le sommet du Pico da Caledônia.

Il y avait un lit, une table, deux chaises, un petit poêle de camping, de l’eau sur le plancher, de la moisissure au bas des murs, pas d’internet, souvent pas d’électricité à cause des éclairs qui tombaient juste à côté de la maison. Il faisait froid, il pleuvait tout le temps, mais j’étais au paradis.

La nuit, des étoiles à en crever les yeux, un silence qui rend sourd, le vent qui veut tout arracher, la brume, les odeurs. Les éléments m’ont ramené à la vie.

Le soir, à côté d’un poêle à l’alcool qui ne réchauffait rien du tout, je lisais les poèmes de Stonehouse, l’ermite chinois du 13e siècle qui, à 68 ans, quitta la direction d’un monastère zen pour aller vivre seul dans une cabane perchée dans les montagnes :

Ma maison est retirée du monde
Les mousses et les forêts sont denses
Les rumeurs du marché n’arrivent jamais jusqu’à moi
J’allume quelques feuilles pour faire le thé sur mon poêle
Pour réparer ma tunique, un bout de nuage suffit
La vie dure rarement une centaine d’années
À quoi bon chercher la fortune et la gloire

Stonehouse, p. 9, ¹

Et cette vue! De la fenêtre de ma chambre, une mer de montagnes, quand ce n’est pas un océan de nuages.
Et cette lumière! Cette lumière! Qui change tout le temps.

J’ai décidé de faire de ce lieu, le pic de la Caledônia, le centre de mon travail. Désormais je n’allais peindre que la vue de ma chambre. Et je n’allais sculpter que les pics qui entourent cette montagne. J’allais témoigner de cette grandeur, là devant, tout autour, sans chercher à lui faire dire quoi que ce soit.

Nous croyons vivre dans un lieu, à un endroit, sur un bout de terre, dans un pays, sur un continent, sur une planète. Mais c’est faux. Nous n’habitons pas la géographie, nous habitons l’atmosphérique. Nous habitons la lumière telle que les nuages la font naître et mourir. Nous vivons sur un pic où les vents sculptent le temps. Nous tous, n’avons d’autre demeure que les montagnes de nos états d’être, tels que façonnés par les forêts, les rivières et les pierres. L’horizon de nos vies est ce soleil qui va naître, chaque jour, derrière la plaine ou le building d’en face. Nous n’avons rien d’autre. Le reste est de la foutaise.

-Guy Laramée

¹ Stonehouse / Red Pine : The Zen works of Stonehouse : poems of a fourteenth-century Chinese hermit \Translated by Red Pine. Mercury House, 1999. ISBN 1-56279-101. Traduction de l’auteur